Interview de Sabriye Tekbilek : Danseuse Orientale !

Née d’un père musicien et d’une mère danseuse, nièce du renommé Omar Faruk Tekbilek, Sabriye baigne dans l’univers artistique oriental depuis son plus jeune âge. Danseuse orientale professionnelle, elle se produit à travers tout le Moyen-Orient, enseigne dans le monde entier et est l’une des rare danseuse certifiée niveau 5 dans la formation de Suhaila Salimpour.

Découvrez son parcours et ses conseils.

 

 

 

Interview de Sabriye Tekbilek: 

 

1 Qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’être danseuse ?

Je baigne dans la danse depuis mon enfance puisque ma maman était danseuse et mon papa musicien. J’ai toujours eu la danse comme hobby mais, étant jeune, je ne voulais vraiment pas devenir danseuse, car ayant deux parents artistes, je voyais combien cela pouvait être difficile. En fait, j’ai vraiment essayé d’éviter de devenir danseuse ! J’ai terminé mes études puis suis allée à l’université, mais c’est quand j’étais à l’université que j’ai commencé à prendre des cours avec Suhaila et que l’idée de devenir danseuse m’a rattrapée. Mon diplôme en poche, je me suis rendue compte que si je devais un jour faire une carrière de danseuse à plein temps, c’était le moment ou jamais. Je suis alors partie pour le Moyen Orient, et vous connaissez la suite !

 

2 Depuis ta naissance, tu es bercée par la musique orientale, ce qui a sans doute considérablement influencé ton écoute musicale ! Est-ce un atout lorsque tu improvises ou créés des chorégraphies ?

Je pense évidemment que c’est un avantage. Le simple fait d’être exposée à ces sons depuis ma plus tendre enfance a changé la façon dont j’entends la musique. J’associe beaucoup de chansons à mon enfance, par exemple, mais je pense que mon amour et mon intérêt personnel pour la musique orientale ont une signification plus profonde. Ma sœur a également été baignée dans la musique orientale, mais elle n’en est pas fan comme je le suis, et je ne pense pas que le fait d’entendre une certaine musique depuis son plus jeune âge signifie qu’on la comprenne ou qu’on l’apprécie vraiment. Je pense que la clef, c’est un véritable intérêt et le temps consacré à une écoute active de cette musique, et non juste à une écoute passive.

 

3 Penses-tu qu’il est important de connaitre les versions originales des grands morceaux classiques orientaux lorsque nous en interprétons une version raccourcie ?

Oui, je pense que c’est important car la connaissance du morceau original est la clef qui permet de comprendre les versions plus courtes de ce morceau et, en tant que danseuses, nous dansons principalement sur des versions courtes des grands classiques. Concrètement, l’écoute de l’originale vous permet d’entendre toutes les transitions possibles qui peuvent intervenir dans ce morceau, ce qui se révèle très utile lorsqu’on danse sur musique live. Je ne peux pas compter le nombre de fois où je m’attendais à ce que l’orchestre joue une certaine partie du morceau mais qu’il en a joué une autre, et la seule manière de retomber sur ses pieds dans une telle situation, c’est de connaître toutes les parties du morceau !

 

4 Comment nous conseilles-tu d’aborder un morceau que nous venons de découvrir afin de l’interpréter ou le chorégraphier au mieux ?

Je conseille d’écouter ce morceau autant de fois que possible et de se renseigner à son propos. Bien connaitre un morceau permet de poser des choix créatifs plus judicieux. Je pense que chacun doit être libre d’interpréter la musique comme il le souhaite mais qu’il est important d’en comprendre le contexte historique et l’esprit général (qui n’est pas nécessairement très profond dans le cadre d’un morceau pop léger ou d’une histoire d’amour épique), afin de poser des choix responsables. Il y a beaucoup de méthodes et d’outils de création chorégraphique. Ce qui fonctionne le mieux varie vraiment d’une personne et d’un morceau à l’autre.

 

5 Dans la deuxième partie de ton reportage, “Performing in the Middle East”, tu expliques que lorsque tu te produis dans les pays du Golf, tu ajoutes spécifiquement à ton programme une danse khaleeji.

Y a-t-il pour chaque région du Moyen-Orient une danse folklorique que la danseuse se doit de présenter ?  Et comment les danseuses soucieuses de présenter au mieux ces danses folkloriques peuvent-elles les apprendre sans voyager ?

Je pense que c’est une bonne idée pour une danseuse d’apprendre les danses folkloriques des régions dans lesquelles elle peut être amenée à se produire. Quand je suis dans le Golf, je suis obligée de danser au moins un morceau de khaleeji. Ce n’était pas le cas il y a quinze ans, mais maintenant que toutes les danseuses le font, le public est vraiment déçu si la danseuse ne le fait pas et les managers de cabarets n’engageront pas une danseuse qui ne sache pas danser le khaleeji. La meilleure façon d’apprendre ces danses, c’est de se renseigner à leur propos et, si c’est possible, de prendre des cours.

À notre époque, nous avons plein de sources d’information à la portée de nos doigts grâce à Internet, et à YouTube en particulier. Il y a cependant aussi énormément d’informations médiocres (je vous mets notamment en garde contre les cours gratuits sur YouTube). Il faut tâcher de faire le tri et de trouver des informations qui émanent de personnes qui sont de la région ou y ont habité. Pour les danses folkloriques, il est important de garder à l’esprit que ces danses sont charmantes en tant que telles, mais qu’elles sont souvent présentées de manière assez différente sur la scène d’un cabaret. Il convient en effet de les adapter à chaque lieu.

 

Merci Sabriye pour ces conseils et ton partage d’expérience !

Découvrez ses reportages vidéo “Performing in the Middle East” :