Mahmoud Reda est un artiste créatif qui innove et mixe les influences d’Orient & d’Occident.
Il va observer différents folklores d’Égypte et y incorporer des éléments de Ballet, de Jazz, de danses de l’Inde, de danses de l’URSS,…
Là où il y a parfois une confusion c’est que certains pensent que ce sont là les vrais folklores égyptiens d’antan, ce qui est faux. Et ces concepts sont parfois enseignés comme des vérités absolues lors de stages. Vérités absolues en style Reda : oui, mais pas pour la danse orientale en général ou même les danses ethniques égyptiennes ancestrales.
Mahmoud Reda dit lui-même que son but n’a jamais été de retranscrire de façon authentique les danses traditionnelles sur scène. Et il précise avoir ajouté 90% “d’autres choses” à ses observations des folklores en Égypte.
Son apport majeur est qu’il a créé une Troupe de danse théâtrale dont les chorégraphies et différents tableaux sont inspirés des folklores ou même juste de “tranches de vie”, “de scènes de vie” en Égypte. Son travail sera reconnu non seulement par le public mais aussi par plusieurs chefs d’états et le ministre de la Culture égyptienne; donnant ainsi une vraie reconnaissance à la danse en Égypte ! Il développera également une pédagogie de transmission de la danse plus rigoureuse; par la création d’exercices techniques et l’enseignement de chorégraphies.
L’apogée de sa carrière se situe entre 1961 et 1972.
Dans ses anciens élèves, on trouvera notamment : Keti Sharif, Mo Geddawi, Yousri Sharif, Randa Kamel et Dina !
Une courte biographie de Mahmoud Reda :
Mahmoud Reda : Co-fondateur et danseur principal de la Troupe Reda. Né au Caire en 1930, décédé en 2020, à 90 ans.
Il démarre sa carrière en tant que gymnaste et représente l’Égypte, 1952, aux Jeux Olympiques de Helsinki.
Après des études en politique-économique, il rejoint une troupe de danseurs Argentins et tourne en Europe.
De retour en Egypte, il décide de monter sa propre compagnie et rencontre la danseuse : Farida Fahmy qui devint sa partenaire pour une longue et fructueuse collaboration.
En 1954, il commence son travail chorégraphique sous le nom de troupe “The National Folkloric Troupe of Egypt”.
En 1959, il la renomme “Reda Troupe”, avec son frère aîné, Ali Reda, qui a lui-même un parcours de danseur. Ali pratique les danses de salon (dès ses 16 ans, il gagnera plusieurs prix et concours) ainsi que le Swing et le Jitterbug.
En 1961, Mahmoud Reda, Farida Fahmy et la troupe Reda se produisent dans le film “Igazah nisf as-sinah”. Ce film, dirigé par Ali Reda, va faire connaitre le travail de la troupe auprès de la population égyptienne. La même année, suite à ce film, le ministère égyptien de la culture s’intéresse à son travail et commence à le sponsoriser.
La troupe va ensuite tourner dans plusieurs films entre 1961 et 1970.
Elle va partir également en tournée dans plus de 60 pays (USA, Angleterre, Allemagne, Russie, France, Espagne,…) et sera décorée par le roi Hussein de Jordanie en 1965, le président Nasser en 1967 et le président Burguiba de Tunisie en 1973.
Puis en 1972, Mahmoud Reda quitte la fonction de danseur principal masculin pour se focaliser uniquement sur la direction de la troupe.
En 1983, Farida Fahmy prendra sa pension après 25 années en tant que danseuse principale féminine. Et en 1990, Mahmoud Reda sera pensionné de toutes ses activités liées à la troupe.
La troupe Reda, c’est aussi une belle histoire de famille !
Mahmoud épousera Nadeeda, la sœur de sa partenaire de danse Farida, puis 3 ans plus tard, Ali Reda épousera la danseuse Farida.
Ces 4 artistes sont issus de bonnes familles égyptiennes ; ces dernières, par leurs grandes ouvertures d’esprit, leur permirent de réaliser pleinement leurs carrières.
À cette époque, seuls le ballet et les claquettes sont des danses acceptables à pratiquer pour les aristocrates. Le père de Farida, en l’encourageant dans son art, eut donc une attitude assez avant-gardiste. Et Farida, de par sa grâce, son élégance et la position sociale de sa famille, va donc aider les mentalités égyptiennes à rendre plus acceptable la position de danseuse pour une femme.
Farida, sa maman et sa sœur, Nadeeda, épouse de Mahmoud, travailleront sur le design et la conception des costumes de la troupe. La troupe Reda révolutionnera ainsi les tenues portées sur scène, grâce à leurs nouvelles créations. Celles-ci, entre autre, couvriront quasi systématiquement les ventres féminins. Dans cette vidéo, Farida nous parle (en anglais) du costume Saidi / Raqs Al-Assaya.
Parmi les créations chorégraphiques de Mahmoud Reda, on retrouve :
- Le Saidi ou Al-Assaya : inspiré d’un folklore du sud de la haute Égypte.
- Le Melayah Laff : inspiré de scènes de vie au Caire.
- Le Hagalla : inspiré d’un folklore d’une province située sur la côte ouest du nord de l’Égypte, près de la frontière avec la Libye.
- Le style arabo-andalou ou andalousia ou Al-Muwashahat : inspiré d’un style de musique poétique originaire d’Espagne musulmane. La composition chorégraphique y est totale, sans aucun relais historique ou authentique. Cette vidéo de Mahmoud et Farida est, je pense bien, de ce style… mais n’étant pas experte, j’ai tout de même 10% d’incertitude…
- Le style nubien : inspiré d’un folklore de la région de Assouan.
- Et bien d’autres ; Fellahin, Baladi, Sharki,…
Voici qui clôture cette première approche du travail et de l’héritage magnifique et créatif de Mahmoud Reda, en collaboration avec sa belle-sœur et son frère !
Je vous laisse avec ma dernière obsession artistique : cette chorégraphie de Mahmoud Reda sur “Halawet Shamsena”, interprétée par Farida (en noir) ainsi que la Troupe Reda, dans le film “Gharam Fil Karnak”, réalisé en 1965 par Ali Reda !
Comme d’habitude, si vous avez aimé, j’en suis ravie. J’espère aussi vous avoir donné l’envie d’en savoir davantage ! Checkez les liens vidéos YouTube dans cet article ; après la vidéo, ils vous proposeront certainement d’autres visionnages au sujet de la troupe Reda.
Si vous n’avez pas aimé, n’êtes pas d’accord, avez d’autres ou plus d’informations sur cette belle thématique, n’hésitez pas à m’en faire part ! Ainsi, je pourrai progresser et garder l’article à jour via vos partages 😉.
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